En repos sur une table, une silhouette familière se distingue dans l’obscurité ambiante. Une lampe à lave, dont la présence discrète, évoque le mystère de la contemplation, et la profondeur du souvenir. Elle n’est ni une source vive de lumière, ni une auréole brillante qui cherche à conquérir l’obscurité. Non, son illumination est plus subtile, plus douce, plus introspective. Elle s’annonce par le balancement irrégulier de globules de cire, par des danses liquides qui émergent lentement, se forment, se déforment et se transforment dans un ballet silencieux et infini. Comme nos pensées, ces formes n’éclatent pas avec la brusquerie d’une ampoule électrique qui s’allume, déchirant le voile obscur de l’inconscient pour illuminer d’un seul coup un paysage de connaissances. Non, elles prennent leur temps, ces visions incandescentes, comme une idée qui mûrit lentement, prenant de l’ampleur et du volume, puis flottant vers la surface de la conscience avant de se dissoudre, laissant place à une nouvelle forme, une nouvelle pensée. Cette lampe, elle s’apparente à notre processus de réflexion, où les idées évoluent avec la douceur et la lenteur d’un songe d’été. La lampe à lave, comme nos souvenirs, agit avec une lenteur méditative. La chaleur la réveille, l’incite à agir, et doucement, les couleurs se mêlent, la matière danse. Ainsi sont les souvenirs, à peine perceptibles jusqu’à ce qu’un stimulus, une chaleur, les fasse remonter à la surface, se former et se transformer sous nos yeux éblouis, dans le théâtre de notre esprit. Ils se gonflent, prennent des formes fantastiques, avant de s’effacer, permettant à d’autres souvenirs de naître. Elle demande notre patience, cette lampe, notre attention continue. Il faut s’arrêter, prendre le temps de la regarder pour apprécier le spectacle qu’elle offre. Elle nous rappelle que la vérité et la beauté ne sont pas toujours un éclair d’illumination, une révélation soudaine. Parfois, elles sont un lent processus d’évolution, un mûrissement patient. Il faut savoir attendre pour les voir émerger dans toute leur splendeur, ces vérités complexes, ces beautés subtiles, qui ne se révèlent qu’aux yeux patients et contemplatifs. La lampe à lave est une leçon de patience, une métaphore lumineuse de la vie, où tout prend son temps pour mûrir, pour évoluer, pour se transformer. Avant même que la moindre lueur se manifeste, avant que la première teinte ne scintille dans le sombre c’est la chaleur qui s’élève, s’insinue et éveille. c’est elle, la première voix du néant, la mère de la lumière.